La consigne aux étudiants bénéficiaires de ne pas vendre le don en ordinateurs du chef de l’État n’a manifestement pas été respectée à Ngaoundéré. Le commerce de ces notebooks est prospère dans le chef-lieu de la région de l’Adamaoua, les annonces de mise en vente sur les réseaux sociaux étant devenues quotidiennes. « Il ne se passe pas un seul jour, depuis le mois de juillet 2018, sans qu’un ordinateur PB HEV ne soit vendu ici à Ngaoundéré. Ces ventes se font sur les réseaux sociaux. Il y a le groupe WhatsApp, “Dang Business”, qui a été spécialement créé pour les affaires », informe Abdoulaye, un étudiant ayant bradé son ordinateur de 32 gigas. Et pour cause, affirme-t-il, « la machine n’a pas de bonnes performances pour que je puisse travailler. Sa mémoire est trop petite, même comme on nous a dit que c’est l’équivalent de 500 Gigas ».
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Pourtant, la stratégie de vente balaie du revers de la main les différentes incapacités relevées, motifs de transactions commerciales. « PB en vente, bon prix bon marché, non défectueux. Les autres modalités in box », peut-on lire une annonce de Gamal, dans le groupe WhatsApp « Dang Business ». Comme de petits bouts de pain, les ordinateurs PB HEV s’arrachent à un prix qui oscille entre 30 000 et 45 000 FCfa, bien loin du prix d’achat de ces machines évalué à 300 000 FCfa. Et pour donner de la valeur à leurs « produits » et mieux séduire leurs cibles, la trouvaille de certains est de masquer la marque PB HEV par Apple. « À 35 000 FCfa, les gens ne perdent pas de temps. Souvent, les machines transformées en “Apple” sont proposées à ce prix pour dix à trente minutes », précise Faiçal, un étudiant vendeur.
À en croire ces jeunes vendeurs, c’est à la demande de leurs clients que les ordinateurs sont transformés. « Pour “transformer” les PB HEV en ordinateurs Mac, nous avons des gadgets qu’on appose où c’est mentionné PBhev. Grâce à ces “cache-marque”, il est difficile de reconnaitre immédiatement les ordinateurs du président Paul Biya. Apparemment, les clients ne veulent pas voir PBhev sur la machine qu’ils veulent acheter. Dans la négociation, ils exigent qu’on transforme d’abord sa marque », expliquent Samuel Pataoussi et Abdouraouf, des étudiants habitués de ces transactions. Les acheteurs ont divers profils. « Les enseignants, les fonctionnaires en général et autres débrouillards, hommes et femmes, sont des acheteurs. Par exemple, les enseignements des lycées utilisent ces notebooks pour préparer les cours et surtout, pour saisir les sujets d’évaluations séquentielles », confie Félix, un étudiant vendeur. En tout cas, les annonces fusent et les achats de PB HEV bousculent à Ngaoundéré.